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En Syrie, la natation pour panser les blessures de la guerre

En bref

Dans la piscine de Bisan, à Idlib, les enfants courent prudemment sur le rebord, slalomant entre les béquilles et les prothèses. Dans le bassin, Abdul Wahid Al-Naqer s’active, casquette vissée sur la tête, sifflet aux lèvres. Coach de natation depuis bientôt quarante-deux ans, il entraîne désormais des personnes en situation de handicap. Non pas pour leur apprendre à nager ou à réaliser de nouveaux records de performances, mais plutôt pour les aider à se réapproprier les contours de leur corps au contact de l’eau, comme en apesanteur.

Depuis le début de la guerre en 2011, nombreux sont les Syriens et Syriennes qui ont été contraints d’émigrer au nord du pays, dans ce qui constitue l’un des derniers bastions rebelles hostiles au régime de Damas. Nombreux aussi sont les Syriens et Syriennes meurtris, dont les corps ont été abîmés par la guerre: «La région d’Idlib est devenue un refuge. C’est comme une petite Syrie où il y a beaucoup de personnes handicapées et de blessés de guerre qui ont besoin de quelqu’un pour s’occuper d’eux», assure Abdul Wahid. Alors, à son échelle et à raison de quelques leçons par semaine, il contribue à faire de la natation un parcours thérapeutique pour ses élèves, palliant le manque de structures médicales dédiées, tout en cherchant à changer le regard de la société sur le handicap, encore souvent perçu comme un stigmate.